Une transition énergétique, c’est à dire une évolution sensible du mix énergétique, le plus souvent d’un pays, n’a d’intérêt que si elle permet de significativement améliorer l’une des performances attendues des systèmes et des marchés énergétiques : le coût de l’énergie, sa disponibilité, l’indépendance énergétique du pays en question ou l’impact environnemental.
Dans la situation présente, le monde a impérativement besoin de réduire ses émissions de CO2 pour lesquelles les systèmes énergétiques sont fortement contributifs : cela justifie sans conteste que chaque pays s’engage, à partir de la situation actuelle qui lui est propre, dans une transition vers un mix moins émetteur de CO2.
L’état de l’art des technologies énergétiques, notamment solaire et éolienne, conduit également à l’opportunité, grâce à elles, dans certaines circonstances, de réduire les coûts de l’énergie. Mais on ne peut pas pour autant considérer que cette baisse des coûts justifie une transition aussi rapide et radicale que celle dont nous avons besoin pour des motifs environnementaux.
La transition vers des mix moins émetteurs de CO2 suppose la conversion de systèmes fortement émetteurs de CO2 (charbon, pétrole), majoritaires aujourd’hui dans le monde, vers des systèmes peu ou très peu émetteurs (solaire, éolien, nucléaire) ou des systèmes simplement moins émetteurs (gaz). Il n’est pas certain que la simple conversion vers des centrales au gaz suffise pour atteindre les objectifs et ce type de migration est probablement à envisager soit comme étape de transition, soit lorsqu’ aucune alternative n’est disponible à court terme.
Par rapport à l’objectif, urgent aujourd’hui, de réduire les émissions de CO2, substituer de l’électricité d’origine nucléaire par de l’électricité d’origine solaire n’a pas de sens.
Pour autant, une transition énergétique n’est pas un épisode isolé, limité dans le temps. Des évolutions technologiques, de nouvelles contraintes économiques, stratégiques ou environnementales permettront ou exigeront prochainement une nouvelle étape de transition énergétique.
Parmi ces possibles vecteurs d’une future transition énergétique, on peut citer, en mélangeant à ce stade opportunités et besoins:
- L’émergence de l’hydrogène qui pourrait permettre d’améliorer l’indépendance énergétique de certains pays et de diminuer l’impact environnemental de l’énergie.
- La limitation du recours aux métaux rares auxquelles les véhicules électriques, les batteries, les éoliennes et les panneaux photovoltaïques font largement appel et dont l’exploitation est couteuse en énergie et a de très forts impacts sur l’environnement.
- La nécessité de réduire le recours au nucléaire, sous la pression croissante des opinions publiques, pour répondre à des besoins de protection des populations contre d’éventuels nouveaux accidents et de réduction des déchets dont le stockage est difficile et contesté par les riverains.
Ces observations plaident pour :
- Une clarification des messages. Il est facile de tout mélanger et vertueux de distinguer les vecteurs d’une étape de transition énergétique des bénéfices qui en découlent et de distinguer ce qui relève d’une étape et des suivantes éventuelles.
- L’organisation d’un continuum, de liens réciproques et d’une complémentarité gérée entre recherche fondamentale, recherche appliquée, R&D industrielle et projets de déploiement. Ces quatre activités, plus ou moins contributives à l’étape actuelle de la transition énergétique, plus ou moins anticipatrice des étapes futures, ne doivent pas fonctionner en silo mais se nourrir mutuellement.
Nous avons là deux axes de progrès majeurs, pour tous les pays, dans la conduite de leur transition énergétique.
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