C’est une des questions clé qui a cannibalisé le débat sur la transition énergétique en France. Dans beaucoup d’autres pays, cette question est tout autant importante. En quoi, l’émergence des Smart Cities peut-elle éclairer cette alternative ?
Posons d’abord le décor d’un débat où les positions sont vite radicalisées.
Les défenseurs du nucléaire s’appuient sur ses avantages, quitte à les considérer sous l’angle le plus favorable :
- son caractère « non polluant » au prétexte qu’il n’émet pas de CO2. C’est une position, reconnaissons-le un peu osée.
- son faible coût, bien que cet argument soit aujourd’hui partiellement contesté
- l’indépendance énergétique qu’il procure (tous les grands producteurs nucléaires ont des dizaines voire des centaines d’années de consommation en stock)
Les détracteurs du nucléaire ignorent les avantages et insistent sur les dangers et les inconvénients du nucléaire:
- les risques d’accident, dont personne n’est à l’abri
- la nocivité durable des déchets que nous léguons à des dizaines de générations
Personne n’a tort. La vérité se trouve dans la réunion des deux points de vue et continuera d’évoluer au fil du temps.
Le but n’est pas de raisonner de manière caricaturale. Sur les décennies à venir, l’évolution de la production nucléaire mondiale, prévue encore en hausse, dépendra du nombre d’accidents, de leur gravité et de la dramaturgie qui s’ensuit. Selon les circonstances, les opinions publiques oublient et se font moins pressantes ou se déchainent, sous l’influence de peurs collectives. Ainsi, la hausse prévue sera plus ou moins confirmée.
La volonté de préserver ou développer le nucléaire, d’une part, et l’émergence des Smart Cities, d’autre part, sont deux tendances antagonistes. L’une pousse pour la centralisation des systèmes énergétiques, quitte à passer à coté d’un certain nombre d’optimisations, l’autre promeut des systèmes décentralisés. Ne soyons pas manichéens : il ne s’agit pas aujourd’hui de remplacer les uns par les autres et de se faire l’apôtre d’une décentralisation excessive mais où veut-on placer le curseur entre ces deux pôles?
Je pense que le mouvement des Smart Cities est inéluctable ; son influence à terme sur les systèmes énergétiques aussi. Si nous n’y prenons pas garde, il y aura donc frictions. Pour les minimiser, devons-nous nous interposer devant ces évolutions ou les anticiper et nous y adapter ?
Ce choix est presque une question de philosophie. Mais ceux qui s’interposeront, investirons plutôt pour défendre des solutions à l’avenir limité et se verront surpasser par ceux qui anticiperont et qui investiront plutôt pour développer les solutions de demain.
Pour ma part, je préconise sans hésiter d’accompagner l’émergence des solutions de demain.
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