Le déploiement du compteur intelligent d’Enedis, Linky, en France donne lieu à un défoulement de certains journalistes et consommateurs sur le WEB et dans la presse. Vérités et contre-vérités se mélangent : le public n’y retrouve pas son compte, chaque conversation avec des non-initiés me le confirme.
La France n’est pas le seul pays où une opposition au compteur intelligent a été virulente. Chaque fois, les ingrédients me semblent identiques : l’opposition aux Smart Meters est le fruit d’un militantisme nourri par les peurs et l’idéologie. Les énergéticiens se positionnent presque toujours de manière défensive, après avoir laissé se développer peurs et messages erronés auxquels ils réagissent tardivement.
Chaque motif d’opposition aux Smart Meters mériterait une information préalable aux consommateurs et, en absence de celle-ci, donne matière à la diffusion d’informations erronées.
Je vous propose, dans une série d’articles à venir, d’explorer les motifs d’opposition les plus fréquents.
« Les compteurs intelligents sont décrits comme inutiles »
Les Smart Meters sont un outil de productivité puissant pour les gestionnaires de réseaux et les fournisseurs : productivité dans la lecture des compteurs, surtout face à l’obligation règlementaire d’assurer des lectures plus fréquentes, productivité dans le traitement des litiges de facturation, productivité dans la facturation des consommateurs, productivité dans le traitement des changements d’occupant des logements, détection et mesure des vols d’électricité (point essentiel dans certains pays).
Les Smart Meters sont, pour les énergéticiens, un outil devenu indispensable pour gérer l’équilibre des réseaux. Le développement des énergies intermittentes (éolien, solaire) rend plus difficile les prévisions de production. Un suivi plus fin, plus précis, plus régulier de la consommation s’impose. Les données agrégées en provenance des Smart Meters permettent ce suivi.
Les Smart Meters sont un outil « marketing » permettant à l’énergéticien de mieux connaître ses clients, d’établir un lien permanent entre lui et ses clients. Cet aspect a un coté vertueux, la possibilité pour le client de bénéficier de propositions de services adaptées à ses besoins, et un coté sombre, le sentiment d’être une fois de plus, une cible commerciale.
Enfin, les énergéticiens rêvent de faire du compteur intelligent, un moyen de les aider à accompagner leurs clients dans des économies d’énergie. Sur ce point, les résultats obtenus à ce jour sont plutôt médiocres : je vous renvoie aux articles déjà publiés dans la catégorie « citoyens ».
Clairement, ces différents points montrent combien il est difficile de concevoir les Smart Meters comme inutiles pour les énergéticiens.
Mais qu’en est-il pour les consommateurs ?
Certes, ils pourront percevoir quelques améliorations : quand leur compteur se trouve dans leur logement, personne ne viendra plus les déranger pour lire le compteur mais beaucoup d’énergéticien offraient déjà la possibilité de saisir la donnée sur internet ou de l’envoyer par courrier. Les procédures de changement d’offre ou de logements seront plus rapides.
Avouons toutefois que ces bénéfices ne justifient en rien à leurs yeux un tel dispositif.
Visualiser sa consommation en temps réel est présenté par de nombreux fournisseurs comme un avantage : je rêve de découvrir un pays où la majorité des consommateurs y verront un bénéfice réel.
Faire des économies d’énergie n’est pas toujours le choix ou le désir du consommateur ; c’est devenu une nécessité pour la société et l’énergéticien est un acteur sur lequel les pouvoirs publics se reposeront pour assurer cette nécessaire évolution. Mais, spontanément, la plupart des consommateurs vivent aujourd’hui cet objectif comme une contrainte à affronter.
L’intérêt du Smart Meter pour les consommateurs est, aujourd’hui, limité.
Les détracteurs des Smart Meters sont souvent des promoteurs des énergies renouvelables intermittentes dont l’intégration massive nécessite un suivi en temps presque réel de la consommation et donc une prise continue d’informations de consommations, ce que les Smart Meters permettent. Une nouvelle preuve de l’ignorance des consommateurs en matière d’énergie et du besoin impératif de pédagogie intensive de la part des énergéticiens.
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