Les Smart Cities ont une intelligence intrinsèque associé aux systèmes qui sont déployés, eux mêmes intelligents permettant une performance plus importante en matière de sécurité, de résilience après des catastrophes naturelles, de gestion des transports ou encore bien d’autres domaines.
Beaucoup ressentent également le besoin de faire évoluer un mode de gouvernance quelquefois à bout de souffle : les différentes fractures, sociales notamment, dont souffrent les villes ne peuvent perdurer sans conséquences graves sur la cohésion de la société et de l’écosystème urbain.
Les Smart Cities sont donc aussi rendues intelligentes par l’évolution de leur mode de gouvernance, par une nouvelle relation établie avec et entre les citoyens. Cette forme « d’intelligence » est certainement très prometteuse en matière de résultats. Mais combien de villes et de métropoles se sentent à l’aise face à cet enjeu ? Combien parmi elles ont une direction claire à suivre pour repositionner le citoyen dans sa ville ?
Peu, me semble-t-il, ont une vision globale de la question. Mais, plusieurs d’entre elles tentent des avancées ponctuelles.
Elles tentent de se construire sur la base de processus participatifs. Plusieurs objectifs court terme les animent :
- Elles attendent une meilleure appropriation des évolutions de la ville et des innovations associées ; les rejets par la population sont source de dépenses importantes que les villes ne peuvent plus assurer.
- Elles attendent un impact sur la cohésion de la population par le développement d’un dialogue entre les habitants et la ville.
- Elles espèrent détecter des citoyens qui pourront servir de relais dans les différents quartiers pour finaliser ou pérenniser le processus d’adoption.
- Elles ambitionnent de mieux capter et comprendre les peurs et les besoins des habitants.
Ces processus participatifs sont nombreux dans le domaine de l’énergie : pour aider les citoyens à comprendre et accepter les compteurs intelligents ou pour accompagner les habitants dans une démarche d’économies d’énergie.
Ils apportent des bénéfices indéniables. Chaque fois que la démarche est menée honnêtement, que les citoyens ne sentent pas de manipulation, l’appropriation des nouveautés est très supérieure à la moyenne observée. Dans de nombreux cas, la mise au point des solutions est partagée avec les futurs utilisateurs ou bénéficiaires.
Des individualités leaders émergent dans les différents quartiers, deviennent les chantres très opérationnels de l’efficacité énergétique et obtiennent de beaux résultats.
Les besoins des citoyens s’expriment par des voies auparavant inexistantes. Il faut être vigilant pour les traiter car les personnes qui s’expriment le plus facilement ne sont pas toujours les plus représentatives et les besoins exprimés ne doivent pas être des demandes cachées.
En regard de ces bénéfices, les processus participatifs observés sur le terrain peuvent aussi tomber dans des pièges dramatiques.
Les citoyens sont souvent consultés sur tous les sujets, sans réflexion préalable, y compris ceux sur lesquels ils ne sont pas compétents pour répondre. Je vois certaines villes avoir recours à la consultation généralisée des citoyens pour tenter de compenser leur propre manque de compétences et de compréhension.
Les effets sont désastreux : soit les autorités sont obligés d’ignorer l’avis, pourtant donné de bonne foi, des citoyens soit elles mettent en œuvre des solutions qui se révèlent inadaptées. Dans les deux cas, la frustration des citoyens est importante ; elle les détourne des processus participatif voire les transforme en opposant actifs à ces processus.
Il est donc essentiel d’expliquer les choix qui ne sont pas discutables car ils émanent d’un raisonnement que les citoyens ne peuvent avoir pour pouvoir orienter positivement leur participation sur les questions qui les concernent vraiment : conditions d’usage et de déploiement des nouveautés, facteurs d’acceptation ou de rejet…
La participation des citoyens ne doit, en aucun cas, pallier le déficit de compétences territoriales.
L’implication des habitants d’une ville dans un projet participatif est à double tranchant : une Smart City ne sera jamais vraiment Smart sans implication des citoyens mais une implication ratée des citoyens peut marquer la fin d’une Smart City.
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