Nous apprenons toujours beaucoup en prêtant attention à ce que faisaient les anciens. Les bâtisseurs de cathédrales ont toujours été à la pointe de l’innovation ; ils exploitaient le potentiel des nouvelles technologies pour améliorer l’édifice : élégance, hauteur, largeur, finesse et tout ce qui contribuait à l’image de grandeur qu’ils voulaient symboliser. Pour cela, ils n’hésitaient à faire table rase de l’édifice existant. Par étapes successives s’étalant sur plusieurs décennies, ils n’en conservaient que les fondations utilisées pour supporter le nouvel édifice.
N ‘en serait-il pas de même pour les énergéticiens d’aujourd’hui ? Ne leur faudra-t-il pas se concentrer pendant plusieurs décennies sur la construction d’un nouveau système énergétique ?
Tous les énergéticiens font face aujourd’hui au besoin de reconstruire leur cathédrale : gérer une transition majeure et la reconstruction de leur système énergétique dans toutes ses dimensions. Les changements requis sont, au minimum, d’ordre stratégique, technologique, économique, humain et organisationnel.
Bâtir une cathédrale est un projet exclusif. Il est si important qu’il doit bénéficier de toute l’énergie des participants : ils ont besoin de se concentrer sur l’enjeu et sur toutes les composantes du projet. Les changements dont il est question chez les énergéticiens sont systémiques : il concerne l’entreprise, sa stratégie, ses activités et son rapport à l’ensemble des acteurs de son environnement : les villes, les clients, les partenaires, les concurrents.
EDF, par exemple, a une équation particulièrement difficile à résoudre en cumulant la nécessité de gérer sa propre transition tout en résolvant en parallèle l’équation du nucléaire, rendue encore plus épineuse par quelques années d’indécision, par une évolution désormais quasi-baissière des marchés internationaux et par la dérive mal maîtrisée de l’EPR.
Je rencontre fréquemment des énergéticiens focalisés, quant à leur transition, sur quelques travaux de gros-œuvre. Le résultat de leur travail se voit vite et, l’édifice n’étant pas finalisé, son équilibre et sa longévité ne sont pas des objectifs majeurs. Mais vous admettrez qu’entre une cathédrale achevée et les quelques pans de murs que proposent ces énergéticiens, il y a une différence indiscutable.
J’observe, chez les énergéticiens, une bonne conscience de la nécessité de rebâtir leurs systèmes énergétiques et un diagnostic plutôt pertinent des besoins. Ceci requiert un travail d’analyse accessible à tous. Au delà de ce stade, le manque d’appropriation réelle des enjeux, d’empathie avec l’environnement, de courage et de vision globale conduit dans la plupart des cas les directions générales des entreprises énergétiques à sous-estimer les changements à opérer au sein de leur entreprise.
Messieurs les énergéticiens ! Prenons conscience que nous sommes en face du projet énergétique du siècle. A nous de lui accorder toute notre énergie pour le réussir !
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