Comme beaucoup de « petits » pays Européens, la Suisse n’attire pas nécessairement l’attention des grands du monde énergétique. Et pourtant ? La Suisse est régulièrement classée en tête des pays innovants aux cotés de pays scandinaves, elle jouit d’une infrastructure de recherche très active et, sur le plan énergétique, son marché fragmenté est particulièrement dynamique, le marché n’est ouvert depuis 2009 que pour les grands consommateurs (plus de 100 MWh/an) et les activités de distribution et de fourniture ne sont pas séparées.
Après avoir fait ratifier par le peuple la stratégie 2050, la Suisse s’apprête, dans le sillage des autres pays européens à traverser quelques turbulences.
N’aurait-on pas intérêt à regarder de près ce qui se passe en Suisse ? A quoi faut-il s’attendre dans les mois qui viennent ? Ne pourrait-on pas tirer quelques enseignements de des situations passées et à venir ?
Une présence locale très forte des fournisseurs
Cette proximité entre clients, distributeurs et fournisseurs est un véritable atout. Cet avantage se mesure dans l’image des énergéticiens auprès des clients, surtout résidentiels et petits professionnels. Les énergéticiens sont souvent vus comme un partenaire dans la durée, à fort ancrage territorial. Ce marché suisse nous montre l’importance de cultiver cette proximité. L’ouverture totale du marché, en débat depuis quelques années, envisagée lors d’une prochaine révision règlementaire, pourrait menacer cette proximité comme ce fut le cas dans des pays voisins.
L’ouverture du marché est un formidable révélateur des carences marketing d’un fournisseur. En changeant de fournisseur, les clients marquent toujours un mécontentement : prix trop élevés pour certains, manque d’écoute, manque de service ou offre perçue comme ringarde ou simplement inadaptée pour d’autres. L’ouverture du marché suisse pour les grands clients n’a pas échappé à la règle et a fait apparaître des fournisseurs plus agressifs, actifs sur un territoire étendu : EKZ, EWZ, BKW, Romande Energie, Groupe e pour n’en citer que quelques-uns. Il y a fort à parier que des solutions seront trouvées par les fournisseurs pour garder cette proximité si essentielle aux clients résidentiels.
Une fragmentation de la distribution
La structure du marché suisse de la distribution fait apparaître de très nombreux distributeurs multi-fluides : cette structure est idéale pour converger vers des systèmes locaux, urbains par exemple, optimisés.
Curieusement, les énergéticiens suisses sont rarement armés pour faire de cet avantage un vrai atout : leur organisation reste silotée et les différents départements collaborent peu. C’est dommage ! Car cela fait apparaître l’inconvénient de cette structure de marché : peu d’échanges d’expérience et peu d’économies d’échelle.
Il est pourtant plus simple de développer des alliances sur des projets communs et des groupements de distributeurs plutôt que de coordonner des entités séparées pour chacun des fluides.
Les prochaines années seront probablement très riches d’enseignements si les distributeurs font valoir leur palette multi-fluides et s’ils développent des modèles transverses innovants.
Je l’ai dit en introduction, l’ouverture du marché fait débat en Suisse : la préservation de la proximité offerte par la structure actuelle du marché pousse de nombreux acteurs à s’opposer à elle. Mais les impératifs européens imposeront probablement un autre choix à une Suisse restée à ce jour en dehors de standards des marchés européens. Mais la capacité d’innovation du peuple suisse donnera alors très vraisemblablement naissance à des solutions dont les grands pays pourraient bien avoir intérêt à s’inspirer.
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