Les transitions énergétiques sont des mouvements globaux au sein desquels beaucoup d’acteurs ont un rôle très différent : les régulateurs cadrent ou favorisent les évolutions, les citoyens alertent et initient une multitude de changements, les grands acteurs tentent de favoriser le mouvement tout en protégeant leurs intérêts etc…
Mais en prenant un peu de recul, en observant les facteurs de succès ou d’échec de toutes les initiatives, qu’elles soient globales ou locales, on se rend compte que les transitions énergétiques révèlent certains aspects de nos sociétés et qu’à l’inverse, des changements sociétaux pourraient influencer ces transitions.
Quels sont les principaux aspects sociétaux influents ? Et quels seraient les actions structurantes à mener au niveau de nos collectifs nationaux ou européens ?
Pédagogie – pédagogie – pédagogie
Les citoyens, les élus et la plupart des professionnels de l’énergie ont en commun un manque de compréhension globale des systèmes énergétiques, de leur fonctionnement et de leurs profondes mutations en cours. Et tous veulent échanger pour mieux comprendre.
Il s’ensuit incompréhensions, idées reçues, schémas de pensées erronés, peur d’agir.
Les théories et messages perturbateurs se développent et trouvent beaucoup d’adeptes. Les actions collectives et publiques amorcées ne sont pas toujours pertinentes. La cohérence des transitions énergétiques en souffre.
Expliquer encore et encore est une priorité pour que chaque acteur comprenne davantage les enjeux et les changements à venir, pour qu’il puisse agir de manière plus appropriée et plus cohérence. Cette priorité devrait être celle de tous les acteurs de la société : média, agences publiques et associations.
Mettre en place une gouvernance systémique de l’énergie
Cette mise en place nous conduit à redéfinir la forme de pouvoir que nous exerçons. Il est souvent conçu comme une prise de contrôle, un ascendant, une influence sur nos concurrents ou nos interlocuteurs. Durant ces dernières décennies, nous avons développé des partenariats sous la forme d’associations avec des alliés que nous nous sommes attachés pour avoir des armes plus performantes (start-ups nous apportant des technologies différenciatrices, par exemple) ou renforcer notre pouvoir (associations professionnelles, par exemple).
Les transitions énergétiques nous confrontent à un besoin nouveau : celui d’exercer, et de partager, notre pouvoir au sein d’écosystèmes d’acteurs énergétiques. Les producteurs, les gestionnaires de réseaux, les fournisseurs, les prestataires de services énergétiques sont complémentaires et ont besoin les uns des autres pour réussir. Chacun doit bâtir sa propre stratégie mais compter, en parallèle, sur la réussite de la stratégie du voisin. Il a même intérêt à œuvrer pour la réussite des autres acteurs.
Tous les dirigeants, tous les décideurs sont face à cet enjeu : apprendre à conserver et exercer son pouvoir en dehors d’un simple rapport de force.
Réconcilier les générations
Les transitions énergétiques montrent clairement une opposition entre une génération mûre, craintive de voir le fruit d’une vie de travail mis en danger, habituée malgré tout au monde forcément imparfait qu’elle fortement contribué à bâtir, et une jeune génération, fermement décidée à influencer la construction du monde dans lequel elle va vivre et faire naître ses enfants.
La génération mûre a l’expérience et le savoir précieux pour agir mais elle les utilise davantage à élaborer des stratégies de défense ; la jeune génération a l’énergie et la volonté nécessaires pour affronter les défis actuels.
Réconcilier les générations au sein d’une entreprise, d’un quartier, d’une ville, d’une association est vital pour bénéficier des forces de chacun et maximiser nos chances de réussir.
Reformer les « élites »
Plutôt que de réformer les « élites », ce sont plutôt les élites qui doivent se réformer, apprendre à écouter la société et ses aspirations, à écouter ses clients, à remettre en cause des schémas de pensées autrefois performants, aujourd’hui dépassés, à capter les signaux faibles, à inscrire leurs actions au sein d’écosystèmes où tout le monde perd ou tout le monde gagne.
Les transitions énergétiques ont besoin de nouvelles gouvernances de l’énergie mais aussi que chacun se positionne différemment au sein des organes de décision auxquels il appartient.
Exercer son pouvoir différemment, enseigner, enseigner encore, réconcilier les générations : ces thèmes sont-ils masculins ? Et si les femmes avaient un rôle majeur à jouer dans ces transitions, au service notamment des transitions énergétiques ?
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